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Culture, Histoire & obsolescence programmée.

Nous connaissons l'obsolescence programmée des produits et des services, cette tendance qu'ont les grandes marques et grands groupes à donner une date de péremption définie aux objets du quotidien. Cette école de la (sur)consommation qui crée la tendance, ou la suit c'est selon, pourrait avoir un impact auquel nous n'avions pas forcément pensé : l'Histoire.



L'Histoire avec un grand H, celle que nous apprennent nos professeurs, qu'ont plaisir à nous conter nos parents. Car l'Histoire est faite de souvenirs, des souvenirs qui nous permettent de ne pas oublier pour mieux avancer. Or l'humain n'est pas éternel et les souvenirs mémoriels s'effacent. "Les paroles s'envolent et les écrits restent", le propos date du 18ième siècle et est signé Beaumarchais mais symbolise pourtant parfaitement l'impact que pourrait avoir l'obsolescence programmée sur notre Histoire.

Aujourd'hui l'historien, l'écrivain, le penseur n'écrit plus, au sens figuré du terme, mais numérise et personne ne s'interroge sur les problématiques que cela représente. Les ordinateurs sont désormais nos meubles et nos dossiers en sont les tiroirs. Or, une fois nos machines périmées ou hors d'usage, elles sont jetées. Et les écrits avec, comment dès lors en retrouver les traces ? Nos héritiers pourraient donc se retrouver lésés de notre présent, leur passé.



Les traces du numérique ne se gardent pas, à priori. Car il existe plusieurs moyens de créer des bases de données mais encore faut-il s'organiser pour les réunir et ne pas les perdre. C'est ce qu'a choisi l'écrivain Pierre Guyotat, l'auteur de Tombeau pour cinq cent mille soldats transfère tous les mois ses écrits, destinés à devenir des archives, à la BNF. Celui pour qui "Ecrire, c'est, en partie du moins, "conserver" sa pensée" considère ce geste indispensable pour assurer la pérennité de la littérature et par extension des écrits. Et les écrivains devraient suivre le mouvement pour ne pas perdre ces petites anecdotes, ces moments d'éternité, qui elles seules s'écrivent et nous ont fait aimer les mots.



Perdre ses mots est en quelque sorte perdre sa mémoire. L'obsolescence programmée, provoquant l'évolution numérique incessante peut entrainer une perte historique que nous n'estimons pas encore à sa vraie valeur. Ne pas le prendre en compte pourrait nous nous revenir sous forme de regret à l'heure de se souvenir.





By Thibault Lelandais 

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